LE DEWOITINE D.520 DU CAEA

C’est en 1936 qu’Émile Dewoitine forma un bureau d’études destiné à produire un chasseur correspondant aux critères dictés par l’Armée de l’Air, capable d’atteindre 520 km/h, valeur dont il tira son nom.

Présenter l’historique de cet appareil n’est pas le but de cet article, et nous laissons le soin aux visiteurs de faire une petite recherche sur le web qui comporte nombre d’excellents sites détaillant la vie de ce merveilleux chasseur. Disons simplement que le Dewoitine 520 fut engagé avec succès contre les forces aériennes Allemandes et Italiennes, mais en trop petits nombres puisque lorsque survint l’armistice, 437 appareils avaient été construits et 351 effectivement livrés. Ces D520 remportèrent 147 victoires sur l’ennemi, ne perdant que 54 des leurs.

Aujourd’hui ne subsistent que trois appareils qui appartiennent au Musée de l’Air. L’un est exposé dans le Musée du Bourget, un autre est restauré par l’association ANAMAN de l’Aéronavale à Rochefort, et le troisième est restauré par une équipe de membres du Conservatoire de l’Air et de l’Espace d’Aquitaine (CAEA), sous la direction d’un passionné du D520, Gilbert Godaillier.

 

Les photos ci-jointes montrent l’avancée de cette restauration dans diverses partie de l’appareil (Ci-contre, la partie arrière du fuselage, et, ci-dessous, l’habitacle, avant et après). Pour atteindre ce résultat, il a fallu un an et demi de nettoyage à la brosse, décapage, sablage, et peinture dans cet espace très exigü ! On ne peut qu’être admiratif de la très grande qualité du travail accompli par cette équipe de volontaires.

Le D520 que restaure le CAEA porte le numéro 603. Il fit son premier vol aux mains de Léopold Galy le 24 Juin 1942. Versé au dépôt de Montpellier il y tomba aux mains des Allemands en Novembre de la même année. Après la libération il fut accidenté par deux fois à Tours en 1946. Il fut réparé puis transformé en double commandes. Récupéré dans un parc à ferraille, il rejoignit la base de Salon de Provence pour décorer la cour d’honneur de l’École de l’Air, puis, finalement, il rejoint les réserves du Musée de l’Air et de l’Espace au Bourget.

C’est lors de la foire internationale de Bordeaux, qu’une équipe du CAEA le remonta et l’exposa pour fêter les 70 ans de l’Armée de l’Air au mois de Mai 2004 (Ci-dessous), et qu’il fut confié aux bons soins de cette organisation pour une restauration complète.

C’est lors de la foire internationale de Bordeaux que Gilbert découvrit le D520 numéro 603 et décida de s’inscrire aussitôt au CAEA pour aider à sa restauration.

Ci-contre, le bâti moteur révisé et repeint, prêt à être remonté sur l’avion.

Le travail a bien avancé en un peu plus de 7 ans, mais il reste beaucoup de tâches à accomplir pour rendre cet avion le plus exact possible. Les photos que nous a envoyées Gilbert Godaillier parlent d’elles-mêmes et montrent bien la difficulté de la tâche à laquelle son équipe doit faire face.

Mais comme on peut le voir, l’affaire est en très bonne voie, et nous adressons toutes nos félicitations à Gilbert Godaillier et à son équipe !

 

 

Lorsque des instruments sont manquants et ne sont pas disponibles, Gilbert et ses amis en fabriquent des factices qui représentent parfaitement la réalité, comme ce contrôleur de vol (Au centre de la photo du haut et avant d’être peint et assemblé sur celle du bas).

A ce propos, beaucoup de pièces manquent encore pour terminer cette restauration, et, si d’aventure, des collectionneurs voulaient aider en cédant des pièces introuvables, ou, à défaut, permettre à Gilbert et ses amis de noter leurs caractéristiques afin d’en faire des copies, qu’ils se fassent connaître du CAEA au plus vite.

L’avion était arrivé sans le train qui est monté sur le n° 862 exposé au musée du Bourget. Temporairement des roues de Mirage furent adaptées, mais, miracle de Noël, en Décembre 2006, deux roues de D520 furent mises en vente sur ebay par un collectionneur qui voulut bien les laisser au prix de base de 250€ .

Puis la jambe gauche du D520 accidenté fut retrouvée en Normandie. Elle était endommagée mais elle permit de faire fabriquer les tubes coulissants par l’Atelier Industriel Aéronautique de Floirac, et Sabena Technics s’est proposé de refaire les amortisseurs.

Les seuls freins (Sans jeu de mots…) dont souffre cette restauration sont le besoin d’exposer l’appareil de temps en temps, et la vétusté du hangar qui l’abrite.

Nous faisons confiance au CAEA et à l’équipe du D520 pour trouver des solutions !

 

 

Terminons par quelques photos de l’appareil assemblé qui donnera sans doute envie aux visiteur de ce blog de visiter le site du CAEA, et, pour les plus chanceux, de visiter le hangar de cette courageuse association.

Merci au CAEA, à Gilbert Godaillier, et à Christian Laverdet pour nous avoir autorisé à publier toutes ces belles images.

Site du CAEA: http://www.caea.info/

28 Commentaires

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    • Delfino B. sur 10 mars 2012 à 11 h 48 min
    • Répondre

    Suite à une « erreur d’aiguillage » le message envoyé par Patrice n’a pas été enregistré au bon endroit. Voici le commentaire de Patrice qui voudra bien nous excuser pour ce petit incident :

    Superbe et fabuleux…..bravo !!
    est il prévu de le faire re- voler, ou pas? la question inavouée est: « pourra t’on l’ admirer dans certains meetings ?

    Et voici ma réponse :

    Hélas, l’avion est restauré pour exposition statique uniquement. Une restauration en état de vol serait infiniment plus coûteuse, et je ne pense pas que le Musée de l’Air et de l’Espace l’autoriserait de toute façon.

    1. Je peux le comprendre…dommage ! mais au moins il restera préservé…

        • Gilbert Godaillier sur 10 mars 2012 à 19 h 13 min
        • Répondre

        Les 3 D520 restants ne devraient plus voler. Ca reviendrait peut-être moins cher d’en reconstruire plutôt qu’en remettre un en état de vol. Par contre, il n’est pas impossible d’en voir en meeting en statique sur le parking. Nous avons déjà déplacé le 603 à Toulouse en septembre 2004 et à 2 foires expo à Bordeaux. Il faut à chaque fois démonter et remonter l’avion, avec le soucis d’avoir le train accroché à une aile qui est d’un seul tenant, pas comme le spit ou le 109. Mais ça reste faisable. Ca perturbe le chantier de restauration, mais en compensation, on a le plaisir le le présenter. A Toulouse, des jeunes de l’époque qui avaient travaillé sur D520 (et dans, à l’époque ils pouvaient se glisser dedans!) sont venus le voir. Les yeux étaient brillants et la voix enrouée. Un grand moment d’émotion.

        1. Désolé d’avoir mis si longtemps à valider votre commentaire. Pour je ne sais quelle raison, il était classé comme spam et je ne l’ai aperçu que par hazard!

          Pour le reste, je dois admettre qu’avec si peu de cellules restantes, on peut se demander s’il faut prendre le risque d’en remettre un en état de vol… Sans même parler de l’aspect financier et technique d’une telle entreprise.

            • M.Z. sur 4 septembre 2015 à 18 h 41 min

            « on peut se demander s’il faut prendre le risque d’en remettre un en état de vol »

            Oui, oui, et oui !

            Un avion en état de vol est plus qu’une machine, c’est presque un être vivant (ceux qui ont eu l’immense plaisir de voler dans un chasseur de la 2e guerre, ou plus simplement d’en voir voler, me comprendront).

            Un avion de musée qui ne vole pas n’est rien d’autre qu’un cadavre empaillé.

            Le risque ? C’est comme la vie, on sait qu’elle se terminera un jour par la mort, faut-il pour autant aller se flinguer tout de suite ?

    • Reginald jouhaud sur 12 mars 2012 à 17 h 30 min
    • Répondre

    Bravo Gilbert, Bravo Christian !
    Régis du BBON team

      • Raoul Severin sur 5 février 2016 à 7 h 39 min
      • Répondre

      Bonjour Monsieur Jouhaud, pourriez-vous me laisser votre adresse mail afin que je vous contacte? email hidden; JavaScript is required
      Merci

  1. En reconstruire….et pourquoi pas? cela a été réalisé pour des FW 190, un ME 262….n’ y aurait il de moyens que pour les warbirds germaniques? j’ ai pu admirer en vol ( et au décollage, avec son bruit caractéristique!) le morane 406….peut -etre qu’ un jour mon rêve de gosse se réalisera avec le D520…et d ‘autres, qui sait?? une question de moyens et d’ envie….

  2. Bravo au conservatoire de l’air en Aquitaine, a ces membres,et a cette equipe….bravo a Gilbert de piloter cette entreprise de restauration..en esperant que cette cigogne leur apporte de nouveaux projets..mais aussi de faire de ce CAEA une plateforme incontournable dans la restauration et dans la gestion de ce merveilleux patrimoine…..fly safe au CAEA.

  3. Bonjour, je suis en train de réaliser un D520 en modèle réduit, et je voudrais savoir si la couleur bleu de la cabine du n° 603 est la couleur « standard » des cabines de D520.
    En vous remerciant.

    1. Je ne saurais malheureusement pas vous répondre, mais espérons que d’autres le pourront!

      • Gilbert Godaillier sur 5 juin 2012 à 23 h 12 min
      • Répondre

      Oui, on s’est approché le plus possible du bleu de nuit original. Le flash des photos éclaircit un peu le bleu. Nous avons conservé la traverse du couple 6 dans cette couleur d’époque, elle est visible depuis la trappe à bagages. La planche de bord devrait recevoir un voile noir par dessus le bleu. dixit la doc. Le siège est bleu, le coussin aussi.
      Bonne nuit.
      Gilbert

    • Delfino B. sur 10 mai 2012 à 20 h 41 min
    • Répondre

    Connaissant les passionnés qui l’ont restauré, je pense que oui. Le mieux est de leur poser la question directement en passant par le site du CAEA.

  4. Cher monsieur
    Je suis le collectionneur qui vous a trouve un soir de Noël les roues de votre Dewoitine. C’est par hasard que je tombe aujourd’hui sur ce post.
    Je suis depuis retourné sur le site du crash ou j’avais récupéré les roues, j’ai retrouve des pièces que je serait heureux d’offrir à vote association. Contactez moi.

    1. Bonsoir,

      Attention: le blog L’Echarpe Blanche n’est pas responsable du D.520. Je vous invite donc à contacter directement le CAEA via leur site web (http://www.caea.info/) pour leur transmettre leur message.

      Bonne soirée,

      B. Brown

      • Gilbert Godaillier sur 24 août 2012 à 23 h 06 min
      • Répondre

      Bonsoir Mr Mialon,
      Très heureux de vous retrouver ici. Comme vous avez pu le constater, vos roues ne sont pas encore sur l’avion, mais j’ai bon espoir. Vous dites avoir retrouvé de nouvelles pièces pour nous les offrir, je ne peux que vous en remercier. Ca fera partie des petits miracles du 603. Autre fait intéressant, des carnets de vol de pilotes de cet avion existent et il commence à avoir une histoire.
      à bientôt et merci à l’écharpe blanche qui permet des rencontres comme des retrouvailles!
      Gilbert Godaillier

    • VIANELLO Joël sur 22 février 2013 à 23 h 06 min
    • Répondre

    Il faut que je passe le voir et vous rencontrer.
    Il y a quelques années que je suis sur le projet maquette rc de 2m avec train pneumatique et moteur de 36cc de 4tps. La voilure est avancée, pour le fuselage et le reste  » y a du boulot  »
    Merci à toute l’équipe de restaurer l’un des dernier D520
    Vous pouvez me contacter je vous enverrai par plaisir des photos du futur « Loup Garou » en chantier.
    Encore BRAVO
    Joël
    mail: email hidden; JavaScript is required

      • Gilbert Godaillier sur 26 février 2013 à 11 h 08 min
      • Répondre

      Pour venir nous voir, il faut adhérer en qualité de membre de soutien. Voir sur le site du CAEA pour prendre contact avec les personnes responsables.
      La restauration est un peu en veilleuse, nous étudions avec la base 106 une solution pour travailler en accord avec la sécurité.
      faites moi savoir quand vous passerez , que je sois là.
      à bientôt ,

      Gilbert

    • MERCIER sur 16 juillet 2013 à 11 h 14 min
    • Répondre

    En lisant ces récit concernant les D 520 restants, j’ai eu une pensée pour le commandant BOVE qui a présenté ce bel avion à METZ lors d’un meeting…

    Il devait malheureusement disparaître à ses commandes au meeting de RENNES…

      • KARR Jack sur 6 septembre 2013 à 15 h 08 min
      • Répondre

      Bonjour, surtout aux passionnés du D-520… En réalité, ce n’est pas à Rennes mais à Vannes-Meucon le 13 Juillet 1986, que Christian BOVE, pilote d’ essais aux très hautes qualifications, a percuté le sol en pilotant le D-520 du M.A.E. n° 90 (ex.408 ) minutieusement restauré, se tuant, et détruisant ce magnifique dernier D-520 le seul qui aura été en état de vol, car les 3 autres resteront sans aucun doute pour présentations statiques, heureusement, le D-520 ayant été, c’ est sûr, le meilleur chasseur français en 1940, hélas insuffisamment construit !
      Selon le médecin du C.E.V. le cdt Bove aurait fait une syncope, peut-être surmené par de très nombreuses activités aéronautiques.
      Jack

  5. Magnifique Avion !!!

  6. bonsoir
    voir votre Dewoitine 520 ceci me fit revenir en 1983 ou 1986. alors que j’assistais au miting aérien de Meucon près de Vannes, ce Dewoitine restera gravé dans ma mémoire car, l’avion nous fut présenté comme le dernier modèle volant de son époque, j’ai assisté a son dernier vol sans le savoir, je l’ai vu piquer tenter de se redresser, mais trop tard…. je vais rechercher les photos que j’ai pris au décollage et en vol, si je les ai encore (avec ma connaissance de l’aérodrome j’étais un des premiers après les pompiers sur les lieux du drame) .

  7. mercis pour votre travaille pour sauver ce qui restes de notres patrimoine aèro de ces annèes la encore mercis

    • Sylvain Vidonne sur 11 octobre 2016 à 22 h 33 min
    • Répondre

    Un grand BRAVO pour votre travail, et merci de nous le faire partager… Et mon dieu qu’il est beau!…

    1. Bonjour

      Il est à signaler que ce Dewoitine est aujourd’hui stocké à Dugny. Le Musée de l’Air l’a repris l’année dernière. Décision plus que ridicule.

    • BRUNETON Michel sur 26 octobre 2018 à 15 h 30 min
    • Répondre

    Très belle restauration et donc un énorme merci à tous ces passionnés qualifiés. J’ai eu le bonheur de suivre celle du précédent qui vola. J’ai quelques photos d’époque et journaux retraçant cette épopée. Impatient de le voir en vrai au MAE ?

    • Hervé Le Ruyet sur 4 décembre 2021 à 20 h 58 min
    • Répondre

    Comme souvent la polémique reviens sur le fait de faire voler ou non un appareil historique
    avec les coût et les risques que cela comporte.
    Mais un avion qui ne vole pas c’est comme un oiseau empaillé.
    La solution, comme pour les Yak en leur temps, ne serait elle pas de trouver des partenaires :
    constructeurs et clients fortunés, pour recréer de toute pièce une/des machine(s) aussi proche(s)
    que possible du modèle.
    Après tout, j’ai parlé de Yak, mais qui aurait imaginé de revoir des Fw 190 ou des Me 262 en vol ?
    Cette machine fut aussi la monture d’autres nations et son moteur fut il me semble copié par la Russie
    qui ne maque pas ressources pour recréer le rêve en matière d’histoire vivante.

  8. Le 603 n’est pas passé directement de l’Ecole des moniteurs de Tours au parc à ferraille. La Patrouille d’Etampes l’a récupéré à Châteauroux le 22 juin 1948 (slt Richard et Lt Guido) pour l’entraînement des pilotes de chasse, succédant aux Yak 3. Son dernier vol aux mains de la Patrouille s’est déroulé le 29 décembre 1952, piloté par l’adjudant Baptiste Claveau.

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