Un Potez 63-11 au Texas

Aussi incroyable que cela puisse paraître, c’est au Texas, à Harlingen très exactement, qu’un Potez 63-11 va très prochainement prendre le chemin des airs grâce à un homme, un Français établi là-bas depuis plusieurs dizaines d’années, Jean-Marie Garric, déjà très connu pour sa transformation de Yak 11 en Yak 3.
Jean-Marie Garric est un homme exceptionnel, un mécanicien hors pair, capable d’entretenir et de restaurer des warbirds, mais aussi d’en fabriquer. Ces facultés font appel à des connaissances techniques et à un savoir-faire que peu de gens possèdent, et à une extraordinaire détermination à atteindre les objectifs qu’il se donne. Pourtant, lorsqu’on discute avec lui, sa très grande humilité  minimise ses accomplissements à tel point qu’on a l’impression que tout est facile, et qu’il sort des Yak et des Potez de son atelier aussi facilement qu’un magicien sort des lapins et des colombes d’un chapeau !


Ne vous y trompez pas ! La fabrication de ce Potez 63-11 est le fruit de nombreuses années de réflexion, de recherches longues et approfondies, et de travail acharné. C’est une histoire d’Amour, un coup de cœur pour cet avion, qui a débuté lorsque Jean-Marie Garric avait 15 ans. C’est à ce moment-là que ce rêve prit naissance et se développa petit à petit jusqu’au moment où il prit la décision de fabriquer ce Potez 63-11 exactement comme l’original.


La première étape – et ce ne fut pas la plus facile – fut de trouver les plans originaux de l’appareil. Jean-Marie Garric s’adressa donc naturellement au Musée de l’Air au Bourget qui, par chance, en possédait la moitié. Il en commanda une copie et se mit en quête de l’autre moitié en contactant le neveu de Louis Coroller, Jean-Louis Coroller, co-auteur de l’excellent livre “Les Avions Potez”, qui est hélas décédé le 25 Janvier dernier à l’âge de 81 ans. Jean-Marie Garric découvrit que Jean-Louis Coroller était le détenteur de la moitié manquante des plans qu’il recherchait. Jean-Louis Coroller,  enthousiasmé par ce projet, les copia et les envoya à Jean-Marie Garric qui put ainsi les étudier et se lancer véritablement dans cette construction en 2005.


Contrairement à ce qu’on pourrait penser, l’avion est réalisé de façon parfaitement fidèle au Potez 63-11 et suit au pied de la lettre les plans du constructeur. Les seuls éléments qui ne sont pas d’origine sont les moteurs Pratt & Whitney R985 empruntés à un Beechcraft D-18 acheté pour l’occasion, et quelques accessoires des systèmes annexes électriques et hydrauliques. Pour le reste, l’avion, est dans la parfaite lignée de la production des avions Potez, ce qui a permis à Jean-Marie Garric de temporairement donner le numéro 844 à l’avion pendant sa construction.


Le fait que les moteurs entraînent des hélices bipales n’est pas choquant si l’on considère que les premiers appareils livrés étaient équipés d’hélices temporaires bipales en bois à pas fixe en lieu et place des hélices Ratier tri-pales métalliques à pas variable non disponibles à temps.


La puissance des moteurs P&W 985 étant plus faible d’une valeur d’environ 150 chevaux que les Gnôme & Rhône d’origine n’aura sans doute que peu d’influence sur les performances de l’avion car celui-ci est allégé par l’absence des divers blindages et autres accessoires inutiles.


Le choix de l’appareil n° 641 du GAO 515, qui a survécu à la Bataille de France, n’a pas de signification particulière, si ce n’est qu’il comporte de chaque côté du fuselage un nose-art du nain “Grincheux” qui égaye un peu cette décoration. L’avion avait pour équipage le Lt Laneyrie, le Sergeant Vaillat, et le S/Lt Lahaye.

À ce jour, les premiers essais de point fixe et de roulage ont été effectués et Jean-Marie Garric n’attend plus que la visite de la FAA pour en obtenir l’attribution du Certificat de Navigabilité afin de pouvoir procéder au premier vol.

(Photos J.-M. Garric)

22 Commentaires

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    • Delfino B. sur 27 février 2012 à 22 h 17 min
    • Répondre

    Je tiens à remercier notre ami Laurent Lecomte pour les photos qu’il nous a autorisés à publier du fuselage du Potez non peint et de Jean-Marie Garric et de Marcel Albert (Sur l’avant dernière photo ci-dessus, Laurent est à gauche de Marcel Albert et Jean-Marie Garric à droite).

    Précision: La visite de la FAA est pour cette semaine. Nous aurons donc la grande joie de voir voler ce Potez 63-11 très bientôt ! 🙂

  1. Bonsoir.

    Que c’est beau.

    En espérant qu’il traverse un jours l’Atlantique.

    A bientôt

    • Delfino B. sur 28 février 2012 à 19 h 30 min
    • Répondre

    Ça n’est pas impossible… Mais c’est un peu tôt pour l’envisager. Il y a tout d’abord les vols d’essais, de certification, etc, et ça prend du temps. Pour le Mosquito 0,75 ça a pris un an, alors soyons patients 🙂

    • Gilbert Godaillier sur 29 février 2012 à 0 h 14 min
    • Répondre

    Bonsoir,
    je savais cet avion en construction depuis quelques temps, et j’apprends ici qu’il est quasiment fini. C’est fabuleux. Il est magnifique. Je restaure en statique le D520 n° 603 au CAEA de Bordeaux, alors quand je vois ce Potez entièrement construit et exact, je me sens tout petit petit devant le travail accompli. Ca fait rêver, ça donne envie d’une patrouille avec le 406 !
    Petite question un peu hors sujet, mais ça m’interpelle: Monsieur Delfino, êtes vous parent du général Delfino qui nous a sauvé le D520 603 du ferraillage pour l’exposer à Salon de Provence ?
    Bien cordialement à tous
    Gilbert Godaillier

    1. C’est un travail exceptionnel en effet.

      N’hésitez pas à nous contacter si vous voulez présenter le travail que vous avez effectué sur le D.520. Cela intéresserait au plus haut point nos visiteurs et un peu de pub ne fait jamais de mal! 🙂

      Pour ce qui est de la question posée à M. Delfino, je me permets de répondre à sa place (il ne m’en tiendra pas rigueur, j’en suis sûr). M. Delfino n’a pas lien de parenté connu avec le général Delfino, et leur seul point commun est qu’ils sont tout deux originaires de Nice. C’est bien cela, Bernard?

    • Delfino B. sur 29 février 2012 à 3 h 16 min
    • Répondre

    C’est parfaitement exact 🙂

    D’autre part, je crois qu’il serait très intéressant pour nos habitués de l’Écharpe Blanche de suivre le travail accompli sur ce D520 et je remercie par avance Gilbert Godaillier de bien vouloir nous fournir tout élément qui le permettrait.

    • Gilbert Godaillier sur 29 février 2012 à 14 h 24 min
    • Répondre

    Merci de vos réponses.

    Je pense que ça serait bien de commencer par me présenter.
    Je ne suis pas du tout formé à l’aéronautique, j’étais informaticien à la banque postale, et comme beaucoup de gens, j’ai collé (et stocké!) des maquettes plastiques sans savoir ce qu’était réellement un avion. Je ne suis pas pilote non plus, j’ai juste eu le plaisir de tenir une heure le manche d’un SNJ à Kisseemee comme cadeau de retraite (Waou!).
    Pour le 520, j’ai commencé un maquette alu au 1/4,7 il y a 20 ans quand l’AAMAA avait lancé un concours sur le thème du D520. Il n’y avait pas beaucoup de doc à l’époque mais la photo très connue du tableau de bord m’avait tenté.
    Je ne connaissais pas le 603. Il y avait le 862 au Bourget, le 408 était perdu et le 650 à Rochefort. Dans les articles de presse, les photos du 603 (au sol) apparaissaient comme étant celles du 862 (accroché en l’air sur un poteau au Bourget) , ce qui semblait bizarre. J’avais l »impression d’un D520 fantôme.
    Et puis en 2004, à la foire expo de Bordeaux, un D520 était exposé, le 603. Il venait des réserves de Dugny, prêté par le MAE pour la circonstance. Je me suis aussitôt inscrit au Conservatoire de l’Air et de l’Espace d’Aquitaine (CAEA) pour travailler dessus, fier d’apporter mes quelques kilos de doc glanées depuis quelques année.
    Et depuis 7 ans nous sommes une petite équipe qui travaillons dessus pour le rendre présentable. Ca avance doucement mais je tiens à ce qu’il soit le plus exact possible.
    De plus, ce n’est pas facile de travailler et en même temps l’exposer de temps en temps.
    Je peux vous donner plus de détails sur la restauration, mais je suppose que je dois m’inscrire ici si je veux mettre des photos.
    vous pouvez aller sur notre site, http://www.caea.info/
    Voilà un petit aperçu du D520 603.

    Mais je n’oublie pas qu’on est ici sur le Potez 63, c’est lui la vedette qui mérite un oscar.

      • Delfino B. sur 29 février 2012 à 19 h 51 min
      • Répondre

      Superbe site, très intéressant ! Les photos sont nombreuses et de grande qualité. Vous formez tous une belle équipe très active au sein de laquelle les tâches sont bien réparties. Félicitations !

      Pour les textes et photos, vous pouvez les envoyer à Bertrand ou à moi-même. Nous les mettrons en ligne avec vos recommandations et avec grand plaisir !

      Bernard

    • Henry-Pierre Marquis sur 29 février 2012 à 17 h 48 min
    • Répondre

    Bonjour,

    Transmettez mes plus sincères félicitations à l’auteur de cette superbe réalisation. On se prend à rêver d’une patrouille conjointe avec le MS406 (ex D3801 suisse) et le Curtiss H75 (sans le D520 malheureusement) encore en état de vol.

    Bonne soirée

    PS: bon courage à Gilbert Godaillier et ses camarades

    • Delfino B. sur 29 février 2012 à 17 h 52 min
    • Répondre

    Soyez sûr que Jean-Marie Garric lit vos commentaires avec le plus grand intérêt. 🙂

    Bernard

    • paccot stephane sur 2 mars 2012 à 10 h 17 min
    • Répondre

    Bonjour,
    je suis un fan de la période « FRANCE 40 », voir ce potez entierement reconstruit est un rêve fou. Quel bel hommage aux combattant de mai juin 1940 en particulier aux equipages d’observation et de reconnaissance qui ont payés un lourd tribu face à la chasse allemande.
    Je signale aussi ce projet des ingenieurs de chez dassault faire revivre le bloch 152:
    http://www.dassault-passion.fr/?page_id=28

    1000 Bravos à M Garric et ses equipes et à tous ceux qui se lance dans les projets de restauration les plus fous.

    • Delfino B. sur 2 mars 2012 à 10 h 42 min
    • Répondre

    Merci Stéphane pour ces commentaires élogieux et fort mérités qui feront très plaisir à Jean-Marie Garric ! 🙂
    Et merci pour ce lien vers le site qui décrit les efforts des ingénieurs de chez Dassault pour reconstruire un Bloch 152. Grâce à eux nous aurons bientôt l’immense joie de voir revivre un autre des héros de la Bataille de France.
    Profitons de votre commentaire pour faire appel aux collectionneurs dont certains ont peut-être dans leurs trésors des éléments de Bloch 152 qui pourraient grandement aider ce projet s’ils permettaient à ces passionnés d’en relever les caractéristiques. Nous les en remercions vivement par avance ! 🙂

    • Faucher M. sur 3 mars 2012 à 1 h 43 min
    • Répondre

    Bonjour.
    Je suis ravi que M. Garric ai pu mener à bien ce magnifique travail. Mon père était pilote de 63.11 pendant la guerre et je trouvais navrant qu’aucun appareil de ce type n’ai survécu. Faire revivre ce magnifique avion représente pour moi le plus bel hommage que l’on puisse faire à mon père ainsi qu’à tous ces hommes qui ont fait l’Histoire de notre pays au prix de grands sacrifices.
    Merci pour eux et bravo Monsieur.
    Cordialement.

    • SAINT-BONNET D sur 16 mars 2013 à 18 h 52 min
    • Répondre

    Bravo de la part du fils d’un pilote du GAO 543.

    • loiselet philippe sur 2 mai 2013 à 13 h 37 min
    • Répondre

    Bravo. Vraiment bluffant. Bel hommage rendu à nos observateurs qui ont affronté les cieux de 1940. A quand des photos « air to air »?

    • Pierre Lagacé sur 19 février 2014 à 3 h 10 min
    • Répondre

    Je suis en train de faire des recherches sur une photo.

    http://425alouette.wordpress.com/2014/02/11/pour-mes-amis-francais/

    Au verso on avait le nom du sergent-chef René Souillard. Il est mort le 3 septembre 1944. Il avait été hébergé par une famille anglaise durant la guerre. Le petit-fils de ce couple d’Anglais cherche à retracer l’histoire de cet aviateur qui était un radio dans l’escadrille Guyenne, l’escadrille 346-347 de la RAF.

    J’aimerais en savoir plus sur l’escadrille de ce Potez 63-11 avec la décoration de la queue que l’on distingue à peine.

    Merci

  2. Félicitations pour ce magnifique travail de longue haleine .Historien amateur,je suis ému de voir de photos d’un 63-11en construction car dans la commune ou je réside (La Londe 76500 France ) le 5 juin 1940 le Potez 63-11 N° 595 en retour de mission photo à été abattu par un groupe de Me109. Le pilote était le sergent-chef Gérard De Monts de Savasse et le mitrailleur le sergent Gaston Cuillé. J’ai déposé le projet de pose d’une plaque commémorative pour les 75 ans (2015) de ce triste épisode de notre histoire. Cordialement

    • de Monts guy sur 19 mai 2015 à 7 h 30 min
    • Répondre

    Bravo pour cette belle initiative. Mon cher Denis.
    Je suis sûr que mon oncle Gérard, -Gérard de Monts de Savasse, de là ou il est , est pleinement heureux de cette Cérémonie que nous organisons le 7 juin.
    Guy de Monts

      • colange denis sur 19 mai 2015 à 23 h 25 min
      • Répondre

      Guy ,mon but ,avec tes recherches complètes , est atteint :sortir de l’anonymat des aviateurs qui ont donné leur vie pour notre liberté.. Ce Potez doit venir en France au Bourget cette année ,j’aurai aimé le faire survoler La Londe le 07 juin mais ………..

    • Trolls et Légendes sur 2 mai 2017 à 22 h 07 min
    • Répondre

    Prochaine étape : refabrication des moteurs d’origine ? ^^

  3. Bel avion, mais ou en est-on de cette affaire en 2022 ?

  4. Bel avion en effet, peut être que le constructeur confond valeur sentimentale et valeur commerciale, ce qui peut compliquer une eventuelle vente…
    De plus, certains sont sceptiques sur la puissance des moteurs, 2 x 450 CV.

  1. […] […]

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