L’Amicale Jean Baptiste Salis et les Casques de Cuir, d’hier à aujourd’hui (1e partie)

A l’heure où les meetings sont en préparation, où les Morane et autres légendes volantes sont en révision, il est temps de rendre hommage à un pilote méconnu, à un homme précurseur de ce qui est aujourd’hui l’une des plus belles collections d’avions anciens au monde.

1) Jean Baptiste Salis en quelques dates

1896
Jean Baptiste Marie Alexandre Salis est né le 19 septembre 1896, dans le Puy de Dôme, à Montmorin. Il fait ses études à Billon et à l’école Saint André à Clermont-Ferrand.

1912
A la fin de sa scolarité il choisit la mécanique et apprend à voler sur Libellule Hanriot à la première école d’aviation d’Aulnat. Pour anecdote, son premier vol est aussi son baptême de l’air.
A la liquidation de l’école, il acquiert la Libellule et continue son entraînement sur le Champ de Mars à Billon.
Agé donc de seize ans, son camarade Marcel Hanriot et lui deviennent les plus jeunes pilotes de France.

1915
Le 8 avril il est mobilisé. Blessé a Verdun il reçoit la Croix de Guerre et deux citations… et passe dans l’aviation. Breveté pilote militaire le 23 février 1917, le sergent moniteur Salis devient un pilote expérimenté en acrobatie, ce qui lui vaut de nombreux arrêts de rigueur pour prise de risques inutiles.

1919
Jean baptiste Salis terminera son service avec 1900 heures de vol. Il participera à la présentation des avions français a la commission interalliée et remporte le premier concours acrobatique, recevant la plaquette de l’Aéro-club de France.

1921
Il crée les premiers aérodromes alpins (Chambéry, Chamonix) et une école d’aviation en montagne à Grenoble, au Canton. Avec des avions équipés de caméras, il fait le relevé topographique des chutes d’eau pour l’institut polytechnique de Grenoble.

1927
Il rejoint la Société de Propagande Aéronautique où le ministre de l’air Laurent Eynac l’engage comme pilote de son Caudron C-61.
Parallèlement, Jean Baptiste Salis crée l’une des premières patrouilles d’acrobatie au monde, la patrouille tricolore, avec Alfred Fronval et Charles Robin. Leurs trois Morane AI décollent, effectuent leur démonstration et atterrissent reliés entre eux par un ruban bleu, blanc, rouge.

1929
Il crée la Société d’Etudes Aéronautiques Aéro Marine à l‘Ile de la Loge, où il réalise cinq prototypes d’avions et d’hydroglisseurs.

1933
Il participe au développement de l’aérodrome de Toussus-le Noble. Parallèlement, il dépose les statuts d’une association « Les Casques de cuir ».

1936-1938
Il effectue une mission (sur Dewoitine) en Espagne durant la Guerre civile pour le Ministère de l’air.

Le 27 Février 1937 naissance de son fils Jean Salis.
Il devient l’agent Bucker pour la France et installe une usine à Gometz la Ville.
Il achète alors des terrains et une ancienne ferme sur le plateau de l’Ardenet (aérodrome) à Cerny la Ferté Alais.

1939-1945
Jean Baptiste Salis est mobilisé des le premier jour… Après la défaite l’état-major allemand lui ordonne de reprendre son activité industrielle. Il refuse, désorganise et désapprovisionne l’usine et rejoint la Ferté Alais.
Entré dans la résistance, il met sa propriété à la disposition du commandement anglais: la piste est alors homologuée sous le non de code Biniou. Il recevra la Croix de Guerre avec palme et sera nommé Chevalier de l’ordre national de la Légion d’Honneur à titre militaire.

1946
Il crée un Centre de vol à voile sur l’aérodrome de la Ferté Alais, afin de former des élèves pilotes sur avions et planeurs.
La Ferté Alais est alors classé aérodrome privée agrée avec restriction. Jean Baptiste Salis remonte des ateliers pour se consacrer à la reconstruction et la restauration d’avions historiques, notamment pour le Musée de l’Air et de l’Espace (le Spad de Fonck, le Blériot de Pégoud).

1952
Il reconstruit un Gaudron GIII, qui volera pendant plusieurs années pour les services de propagande du ministère de l’Air, et le présente lui-même aux fêtes d’anniversaires de Santos Dumont, à Bagatelle le 27 juin 1952.

1953-1954
Jean Baptiste Salis confie à son fils Jean la restauration d’un Fokker E.III pour le Memorial de Verdun et l’Antoinette de Latham pour le Musée de l’air. Le savoir faire et la passion sont transmises.

1955 :
Jean Baptiste devient le pilote du souvenir, l’homme qui fait voler le passé. Il restaure un avion Blériot XI, que les ouvriers de Louis Blériot avaient fabriqué pour l’offrir à leur patron en 1921. Sur cet appareil, il refait la traversée de la Manche une première fois en 1955, puis une seconde en 1959.

1965
Création du Club de la Ferté Alais, qui à pour but de perpétuer l’esprit des temps héroïques de l’aviation française en recueillant le plus grand nombre possible d’anecdotes vécues en vue d’écrire l’histoire. Le 15 mars 1965 est également créée l’association « l’escadrille du souvenir » .

Le 10 Décembre 1967 Jean Baptiste Salis décède…

1970
Le « Club et L’Escadrille du Souvenir » sont déclarés au Journal Officiel du 24 octobre 1970.
Cette association est la continuité du « Club de La Ferte-Alais » fondé en 1965.
Le choix du terme « Escadrille » est directement inspiré du projet qu’avait formulé Jean-Baptiste Salis de reconstituer les avions de l’Escadrille Tricolore, au sein de laquelle il avait piloté. Y est accolé le terme «Souvenir» en mémoire de Jean-Baptiste Salis, pour lequel ce terme était si cher («le Pilote du Souvenir»).
La nouvelle association ajoute un but supplémentaire à son activité; celui de « mettre en œuvre la rénovation et la reconstruction fidèle d’avions anciens et historiques « . Elle a le même président que le club initial, le Général Barthélemy, et le même siège, l’aérodrome.  « Jeannot » Jean Salis est nommé « administrateur – fondateur » pour remplacer son père.
Dans un premier temps, l’association présentera sous sa bannière les avions mis à sa disposition par Jean Salis (le Blériot de J.B. Salis et un Caudron G.III ; le Bréguet 2 Ponts de Gaston Decoop en exposition statique sur l’aérodrome).
Elle fera parallèlement des demandes de cession de matériel à l’Armée et signera en 1977 une convention avec le Musée de l’Air pour que lui soit confié du matériel afin de le restaurer, de l’entretenir et de le faire voler.

1971
Le Préfet donne à la Société Péchiney l’autorisation d’exploiter une carrière de grès sur le plateau de l’Ardenay. Commencent les travaux pour le déboisement du site et des accès, qui ne sont que des sentiers de terre battue. La Société Péchiney va ainsi réaliser pour ses besoins, mais dans l’intérêt de tous, la route principale utilisée aujourd’hui.

1972
Un certain nombre d’usagers de l’aérodrome créent une nouvelle association, « L’Amicale Aéronautique de Cerny – La Ferte-Alais »
Celle-ci a pour but de :
– Préserver et entretenir l’aérodrome de Cerny – La Ferté Alais
– d’établir entre tous les pilotes utilisant l’aérodrome un centre de relations amicales
– de faciliter et vulgariser la pratique de l’aviation, tant par les moyens d’Etat, que par les moyens privés. L’association démarre une activité de baptêmes de l’air.

1973
Salis Aviation, dont l’activité s’est poursuivie avec Jean Salis, tourne « Les Faucheurs de Marguerites ».
C’est la première série d’une grande épopée qui donnera une large place à l’aviation et qui permettra ainsi la construction de plusieurs répliques d’avions anciens, tout en nécessitant et en obtenant la participation d’appareils du Musée de l’Air.

27 avril 1973
« Le Club et Escadrille du Souvenir » devient « L’Escadrille du Souvenir »

1974
Modification des statuts de L’Amicale Aéronautique de Cerny La Ferté Alais », qui s’oriente à son tour vers les avions anciens, par l’adjonction d’un nouveau but :
– préserver et maintenir en état de vol des avions de collection.

1975
« L’Amicale Aéronautique de Cerny – La Ferté Alais » devient « L’Amicale Jean-Baptiste Salis ».

2008
L’association « Les Casques de Cuir » est réactivée pour encadrer le maintien en vol et la présentation de la collection familiale Salis et fils, avec à sa tête, entre autres Baptiste Salis, petit-fils de Jean Baptiste.

2) Le patrimoine de la Famille Salis

Avec les associations et collections des Casques de Cuir de l’Amicale Jean Baptiste Salis et de Salis Aviation, l’aviation de collection en France possède un patrimoine culturel et historique très important.
Voici en quelques photos un aperçu des plus beaux avions de collections en France (L’association Memorial Flight et plusieurs collectionneurs privés ont eux aussi basés leurs appareils sur le terrain de Cerny et ont ainsi augmenté le patrimoine aéronautique basé sur le terrain)

Blériot XI et Blériot XI-2, trésors de la famille Salis

 

Morane Saulnier Type H

Caudron G.III

 

Répliques de SE.5a

Royal Aircraft Factory SE.5a

Répliques de triplans Fokker Dr.I

Fokker D.VII

Léopoldolf (F-PRJJ)

Morane Saulnier AI

Spad XIII

Morane Saulnier MS.138

Morane Saulnier MS.317

Dewoitine D.27

Bücker Bü 133 Jungmeister (F-AZBS)

Bücker Bü 131 Jungmann (F-PBSE)

Bücker Bü 133 Jungmeister (F-PBRI)

Focke-Wulf Fw 44 Stieglitz (F-AZMJ)

Morane Saulnier MS.230 (F-AZAK)

Waco UPF-7 (F-AZLC)

Stampe SV.4 (F-BCXD)

Stinson Reliant (F-GPJS)

Naval Aircraft Factory N3N (F-AZNF)

Une paire de Stearman (F-AZMZ et F-AZJR)

Ryan PT-22

Quelques North American T-6

Chance-Vought F4U-5NL Corsair

Boeing B-17G Flying Fortress

 

Douglas DC-3

Junkers Ju 52/3me (F-AZJU)

Beechcraft Beech 18S (F-AZEJ)

Fiseler Storch Fi 156 (F-AZRA)

Morane Saulnier MS.502 (F-AZCP)

De Havilland DH.89A Dragon Rapide (F-AZCA)

Polikarpov Po-2 (F-AZDB)

Douglas AD4N Skyraider (F-AZDP)

Yakovlev Yak-11 et Yakovlev Yak-3U PW (D-FJII, F-AZFJ, et F-AZIM)

Nord 3202 (F-AZIY)

Nord 1101 Noralpha (F-GMCY)

De Havilland DHC-1 Chipmunk (F-AZCH)

Pitts S1 (F-AZFH) et Pitts S2 (F-HBOB)

Akrostar (F-AZJF)

Mudry Cap 10 (F-PYIF) et Cap 20 (F-AZOE)

Zlin 526 (D-EAPH) et Yak 55

et d’autres trésors…

 

Pour plus d’information :
http://www.ajbs.fr/
http://www.lescasquesdecuir.com/index.php
http://www.musee-volant-salis.fr/spip.php?article13

Côté librairie

Le temps des hélices du Général Raymond Barthélémy (en vente à la boutique de l’Amicale Jean Baptiste Salis ou sur le site de l’Amicale). Les informations de cet article sont tirées de cet ouvrage. (Des copies d’occasion de l’ancienne édition sont également disponibles sur Amazon.)

On notera également le livre Les vieux avions de la Ferté-Alais du célèbre dessinateur francis Bergèse:

Texte et photos (C) Olivier, sauf mention contraire. Tous droits réservés.

3 Commentaires

  1. Très instructif! Merci, Olivier!

    • Delfino B. sur 21 février 2012 à 8 h 38 min
    • Répondre

    Impressionnant !!! Du beau travail Olivier ! J’ai également appris beaucoup 🙂

    • patrice D. sur 25 février 2012 à 9 h 54 min
    • Répondre

    Merci de ces explications , j’ en sais un peu plus sur ce grand monsieur.

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